Lorsque Mordecai Richler mourut, en 2001, Adam Gopnik écrivit à son sujet dans le New Yorker qu’il était devenu « indissociable d’un lieu, Montréal, et même d’un pays, le Canada, sans jamais avoir [fait de compliments] ou même dit quelque chose de particulièrement gentil sur l’un ou l’autre ».
En effet, Mordecai Richler a réussi à offenser pratiquement tout le monde. Il a dit du Canada qu’il était « moins un pays qu’un ramassis de descendants mécontents de peuples vaincus », et il n’avait pas de remords à ajouter au mécontentement de ces peuples. Il fut critiqué par les Juifs pour le portrait peu flatteur qu’il fit de la communauté juive de Montréal dans laquelle il avait grandi, un portrait qui était, de l’avis de certains, un peu trop honnête. Il railla régulièrement l’intolérance des protestants blancs d’origine anglo-saxonne. Et il se moqua des lois linguistiques du Québec et des nationalistes francophones; après le deuxième référendum et l’attribution par le premier ministre Jacques Parizeau de la responsabilité de son échec au « vote ethnique », Richler déclara : « Je réponds par le ridicule » et créa le Prix Parizeau du meilleur auteur ethnique, un prix annuel de 3000 $. Si les Juifs le considèrent aujourd’hui avec fierté, sa réputation chez les francophones commence à peine à se rétablir. Néanmoins, pour ceux qui goûtent le sarcasme et la satire mordante, Richler est un maître du genre.
Pour en savoir plus
Parmi les meilleurs romans de Richler, citons L’apprentissage de Duddy Kravitz (1959), Solomon Gursky (1989) et Le monde de Barney (1997). Voir aussi :
Foran, Charles. Mordecai : The Life and Times of Mordecai Richler. Toronto : Knopf Canada, 2010.