(Québec) Imaginez que le Palais Montcalm se remplisse d’eau ou encore, que ses pierres se mettent à danser. En quelques minutes, il pourrait également prendre feu, se déconstruire sous vos yeux ou même exploser grâce à Philippe Bergeron, qui dirige l’équipe américaine de mapping architectural à Lumocité, la nouvelle activité phare du Carnaval de Québec.
Mercredi à 18h00, la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, le Morrin Centre et les Fortifications des plaines d’Abraham vont aussi se transformer grâce à des compagnies provenant de Budapest, de Genève et de Québec, et ce, dans des spectacles sons et lumières 3D qui promettent de donner des sueurs froides aux spectateurs qui croiront rêver.
«C’est une alliance entre la fiction et la réalité, la seule limite est notre propre imagination», explique le président de Paintscaping, une entreprise de Los Angeles fondée par un Québécois pure laine, Philippe Bergeron, acteur et producteur devenu fou des effets spéciaux sur bâtiments.
Sa participation à Lumocité revêt pour lui une signification spéciale, en plus de présenter pour la première fois son travail dans sa province d’origine, il le fera devant l’ancien lieu de travail de son père. «Il a été placier au Théâtre du Capitole… juste en face du Palais Montcalm», explique celui qui a mis avec ses bras droits, Rob Ostir et Sally Steranko, près d’un mois à concevoir quelque cinq minutes de projection.
Avec l’aide des plans très précis du bâtiment, les spécialistes de l’image ont réalisé un scénario sous le thème de l’hiver où l’on verra notamment le Palais Montcalm subir plusieurs modifications. Bonhomme Carnaval devrait également faire une apparition mais sous quelle forme? Les artistes gardent le secret pour le dévoilement officiel de leur oeuvre, qui sera jouée en boucle en soirée jusqu’au samedi 9 février.
Précurseur
L’idée d’utiliser le patrimoine bâti de la capitale comme toile de fond pour des projections 3D a germé dans la tête d’Alain Dubé après avoir projeté en 1999 un logo d’entreprise sur les silos du Port de Québec. Après quelques années de peaufinage, un voyage à Lyon, «la Mecque de cette folie architecturale», dixit M. Dubé, et des centaines de courriels échangés avec des pros du milieu, le projet d’une compétition internationale de mapping architectural a intéressé le Carnaval de Québec.
D’abord prévu pour 2014, Lumocité est présenté hâtivement sous une forme un peu différente, c’est-à-dire que les équipes participantes ne se battent pas pour remporter un prix mais pour montrer au public tout leur savoir-faire. Pour le 60e du Carnaval, ce sera une lutte en bonne et due forme avec, espère M. Dubé, un plus grand nombre de pays représentés.
«Il fallait absolument présenter Lumocité rapidement pour positionner Québec en Amérique du Nord», explique celui qui a organisé des événements pendant près de 10 ans pour la Chambre de commerce de Québec. Avec l’orientation «lumière» récemment adoptée par l’administration municipale, le timing pour un événement de mapping architectural ne pouvait pas être mieux choisi, conclut Alain Dubé.
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La capitale n’a pas sa carte de membre
Alors que l’administration Labeaume se targue de vouloir devenir la future capitale mondiale des villes lumières, Québec n’a pas sa carte de membre de la Lighting Urban Community International (LUCI). Pourtant, la métropole montréalaise fait partie du réseau.
LUCI a vu le jour à Lyon en 2002 et compte une centaine de membres, dont 63 villes réparties sur quatre continents et plusieurs membres associés. Le regroupement permet à ses adhérents d’échanger sur les défis que représente l’utilisation de la lumière comme «outil pour le développement urbain à travers des plans d’éclairage, des projets et des innovations».
Selon le concepteur de Lumocité, Alain Dubé, Québec aurait toutes les raisons de se joindre au réseau. «Il faut rendre la ville la plus belle possible et lui donner toute la lumière qu’elle mérite», affirme celui qui regrette que la municipalité emploie toujours de «grosses lumières au sodium» pour éclairer ses rues plutôt qu’une technologie plus verte.
Selon lui, Québec aurait déjà été membre de la LUCI, à l’initiative de la Commission de la capitale nationale. Une information qu’il n’a pas été possible de vérifier dimanche.
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Horaire
Toute la semaine: les activités régulières se poursuivent. Les festivaliers peuvent notamment faire une balade en traîneau à chiens, dévaler les glissades de glace ou encore visiter le palais de Bonhomme.
Mercredi à samedi: Lumocité
Des bâtiments de Québec sous une nouvelle lumière… 3D. Quatre équipes internationales présenteront leurs oeuvres éclatées.
Où: la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, le Morrin Centre et les Fortifications des plaines d’Abraham
Heure: 18h à 23h
Jeudi à dimanche: La brassée du Carnaval
L’équipe du Festibière offre la possibilité aux festivaliers de savourer une boisson au houblon conçue spécialement pour nos hivers québécois. Une trentaine de microbrasseries et de restaurateurs seront présents.
Où: place George-IV, en face du Manège militaire
Heure: 11h à 23h, Jeudi à dimanche
Source :
Annie Mathieu, Le Soleil